Le monde a-t-il un sens ?

wp_20170226_13_54_57_pro-2Le monde a-t-il un sens ? Livre de Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi (Fayard, 2014). Dans la première partie, Jean-Marie Pelt analyse le principe d’associativité (coopération) dans la nature. Il tente de répondre à la question du sens c’est à dire comprendre la direction prise par l’évolution de l’univers. Il ajoute à l’évolution de l’univers, depuis le Big bang jusqu’à l’Homme, le principe d’associativité afin de montrer que la coopération vaut mieux que la compétition.

« L’associativité devient alors, à travers toute l’histoire de l’univers, la manière dont des entités simples s’associent à deux ou à plusieurs pour aboutir à des entités plus complexes avec émergence de propriétés nouvelles. » (p.12)

Ainsi, il montre que dès le début de la vie sur Terre, la molécule de l’eau provient de l’associativité entre deux atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène. Il va ainsi démontrer que le principe d’associativité existe dans chaque étape de l’évolution de l’univers en partant du monde minéral. Il évoque l’avant Big bang et l’association des particules entre elles pour former des atomes Ces atomes vont ensuite se multiplier et fusionner entre-eux, en créant de nouvelles propriétés. L’auteur évoque aussi le monde vivant : l’origine de la vie par l’apparition de l’oxygène et de la photosynthèse et la reproduction par  l’association des cellules.

« Pendant un siècle, c’est aux relations antagoniques que l’on consacra l’essentiel du potentiel de recherche, le rôle des symbioses devenant marginal. Une mauvaise lecture de Darwin et le zèle souvent excessif de ses amis ont fait de la nature une jungle cruelle où seule régnerait la loi du plus fort. Cette manière de penser la nature s’est transposée à la société, avec les dérives, hélas bien connues, du darwinisme social. Nos sociétés libérales sont marquées par cette idéologie, et les médias ne cessent de mettre en scène les guerres économiques, les combats politiques, les conflits et luttes sociales, tandis qu’à la télévision l’agressivité dans la nature comme au sein de la société est de toutes les émissions et de tous les instants. » (p.84)

L’auteur reprend des professeurs, biologistes et philosophes renommés, qui ont montré qu’au contraire « l’entraide compte plus que la compétition dans l’évolution du monde » (Pierre Kropotkine) ou encore « c’est la sélection du plus aptes qui devient la loi. Le plus apte n’est que rarement le plus fort, le plus méchant, […] mais, bien plus souvent, le mieux organisé, le plus malin, le plus discret et le mieux camouflé, ou celui qui fait alliance au sein de son espèce ou avec d’autres vivants. »(Yves Paccalet).

Jean-Marie Pelt montre que l’associativité et la sociabilité sont essentielles à la survie des sociétés végétales et animales. Enfin, il termine par l’étude de l’Humain dont le cerveau est constitué de milliards de neurones reliés entre-eux et de la société humaine.

« Parvenus au point où nous sommes, nous voici sommés de choisir entre une évolution fondée sur des associations positives, où l’emporteraient l’amitié, la solidarité, la coopération, la fraternité, la convivialité, les forces de l’esprit, et, pour tout dire, l’amour, et une société d’intense compétition aboutissant à une catastrophe nucléaire ou à un cataclysme écologique sans précédent. La priorité absolue donnée aujourd’hui à la production et à la consommation de biens matériels par une économie ultralibérale dont on ne cesse de nous rabâcher les pseudo-postulats, nous conduira tôt ou tard à revenir au sens premier du mot, à devenir économes. Et à remettre l’économie à sa vraie place : la seconde. » (p.133)

La dernière partie du livre est consacrée à l’avenir pour l’humanité, selon le point de vie et l’expérience de Pierre Rabhi.

Ne pouvant avancer une justification au phénomène humain, j’ai imaginé la planète Terre, un peu dépitée, se demandant:  » A quoi servent tous les prodiges que j’ai réalisé ? A quoi sert ma beauté, s’il n’y a personne pour l’admirer ?  » C’est alors que la planète, son oeuvre achevée, decide de créer l’être humain : « Je vais faire en sorte qu’il puisse donner un sens à mon immense labeur, qu’il puisse admirer ma beauté, jouir de tous les bienfaits que je lui ai réservés. Car, sans cet admirateur, à quoi sert-il d’être belle ? » (p.141)

Pierre Rabhi évoque l’horreur quotidienne de l’Homme contre l’Homme et de l’Homme contre la nature. Il caractérise notre société de « pétrolitique » où nous sommes dépendant du pétrole et de la finance et où la compétition et la subordination de la femme sont encore d’actualité. « Notre modèle compétitif est devenu une norme dont on ne perçoit même plus le caractère destructeur », comme le montre notre modèle éducatif. Cependant, aujourd’hui, de plus en plus de citoyens sont en faveur de la coopération et de la bienveillance au service de la vie (voir le mouvement Colibri). Il montre clairement que l’Homme ne peut pas se passer de la nature alors que la nature peut survivre sans l’Homme. Selon lui, il ne peut y avoir de changement positif de société avant le changement de soi. Il partage également son expérience de l’agroécologie comme témoignage de la coopération de l’Homme avec la nature.

« Prétendre que nous allons à nous seuls changer le monde serait bien sûr  irréaliste et vaniteux. Prétendre que le monde peut changer avec le concours d’une volonté humaine, sous l’éclairage de l’intelligence de la vie, oui ! Le temps de la puissance de la modération, constitutive de l’essor d’un vivre-ensemble généreux et solidaire, est aujourd’hui la seule évidence. » (p.175)

 

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