
Jean Giono
Jean Giono (1895-1970) est né et mort à Manosque, une petite ville provençale, dans les Alpes de Haute Provence. Giono est un pionnier dans la défense de la nature contre l’industrialisation.
Profondément marqué par la 1re Guerre Mondiale, Giono devient un écrivain engagé. Il se mobilise pour défendre la paix. Il propose l’idée d’une révolte des paysans. Il lutte contre l’industrialisation, l’artificialisation de la vie des ouvriers en ville. Il évoque la révolution industrielle dans les villes où l’industrie promet un profit menant au bonheur. Plus de profit signifie plus de bonheur! On oublie très souvent tout le malheur que cela a apporté. Il évoque aussi l’idée absurde de donner une valeur monétaire aux vraies richesses comme le blé.
« Le jeu industriel s’installa donc dans les villes. Il en transforma la vie. Suivant les règles de tous les jeux, il offrait, montrait, criait publiquement l’annonce de 10 % de bonheurs extraordinaires entièrement nouveaux; et il les apportait, carte sur table; c’était vrai. Il apportait aussi 90% de malheurs extraordinaires et également nouveaux sur lesquels il était inutile d’attirer l’attention et qui étaient le résultat des profits industriels. (…)
L’étonnement de ne pouvoir acheter le bonheur avec ces énormes profits les engageait dans la poursuite de profits toujours supérieurs. Le déchirant débat des hommes accrochés désespéremment à cet espoir faisait grandir avec une extrême rapidité les progrès de la technique industrielle. »La lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix
Giono défend un retour à la nature, une redécouverte de celle-ci. Il est un précurseur de ce qu’on appelle aujourd’hui « l’écologie ». En 1936, dans son livre Les vraies Richesses, il réaffirme l’idéal de la communauté rurale et appelle à une révolte contre la société industrielle capitaliste, contre la ville et la machinisme qui détruisent les « vraies richesses ».
« Ces étudiants qui viennent souvent me voir et dont la jeunesse est si amère, je les interroge sur leurs projets d’avenir. Je suis bouleversée de leur amertume, je souffre de leur souffrance. Ils sont comme si une partie de moi-même était en train de mourir. Ils me disent qu’ils consacrent ou qu’ils ont consacré de longues années – et les meilleures – à préparer et à passer des examens sévères, des concours difficiles. Ils ont des diplômes. Ils se plaignent de n’avoir pas les places auxquelles ces diplômes donnent droit.(…) Si d’autres sont dans ces places, ne t’en inquiète pas, laisse-les. On a dû te dire qu’il fallait réussir dans la vie; moi je te dis qu’il faut vivre, c’est la plus grande réussite du monde. On t’a dit: « Avec ce que tu sais, tu gagneras de l’argent ». Moi je te dis: « Avec ce que tu sais, tu gagneras des joies ». C’est beaucoup mieux. (…) Posséder est bien la gloire de l’homme quand ce qu’il possède en vaut la peine. Ce qu’on te propose ne vaut pas la peine. Tu sens bien que notre époque est énervée et tremblante; trop d’hommes sont privés des joies naturelles. Tous. Car le plus riche ne s’est pas enrichi: il est toujours un pauvre homme. Je ne te dis pas de te sacrifier pour les générations futures; ce sont des mots qu’on emploie pour tromper les générations présentes, je te dis: fais ta propre joie. Vis naturellement; et, puisque dans la société moderne on le considère comme une folie, installe la société qui le trouvera logique. Il ne faut plus qu’une petite poussée de tes mains pour qu’elle soit. » Les vraies Richesses
Giono est l’auteur de nombreux ouvrages : Colline en 1929, Regain, Que ma joie demeure, Les vraies Richesses, L’homme qui plantait des arbres, Angélo, Le hussard sur le toit...
Pour en savoir plus sur sa biographie et son oeuvre, cliquez ici.
Pour connaitre l’Association des Amis de Jean Giono et en découvrir plus sur la vie de Giono et son oeuvre, cliquez ici.
Cet article s’inspire du livre, Jean Giono, pour une révolution à hauteur d’hommes d’Edouard Schaelchli.
Les photos ont été prises par l’artiste peintre Dominique Litaudon.
Pingback: Vers la sobriété heureuse | Le quotidien vert